Le Théâtre de Fortune ne se veut pas un théâtre politique engagé, mais un « théâtre de la parole vivante, incarnée et révélée avec toute la puissance de création que lui confère la présence active de l’interprète. » selon son directeur et fondateur, Jean-Marie Papapietro.
L’Algérie, colonie française depuis 1830, s’embrase en 1954. La guerre durera huit ans, jusqu’à l’indépendance en 1962. Français d’Algérie, Albert Camus, décédé tragiquement d’un accident d’automobile en 1960, n’interviendra plus publiquement sur le sujet les deux dernières années de sa vie. Pourquoi ? C’est à cette question que la pièce tentera de répondre. Ou, plutôt, la pièce fournira des éléments au public afin que chacun puisse se forger sa propre opinion.
Dans un décor sobre, voire minimaliste, les acteurs fouilleront les archives de l’époque, liront les textes de Camus et interpréteront des extraits des pièces de ce dernier afin de nous éclairer sur le contexte de l’époque et sur la pensée de cet auteur épris de liberté. Un demi-siècle plus tard, ce questionnement est toujours brûlant d’actualité.
Comme l’explique Jean-Marie Papapietro, « Ayant passé moi-même toute mon enfance et mon adolescence en Algérie française, j’ai souhaité revenir à Camus pour mieux comprendre la position d’un artiste et d’un penseur dont l’honnêteté intellectuelle est reconnue par tous. Plus d’un demi-siècle après l’indépendance de l’Algérie, il me semble que la lucidité désespérée de Camus méritait d’être entendue et méditée aujourd’hui, à l’heure où les pires formes d’exclusion, d’intolérance et de fanatisme se manifestent à nouveau, un peu partout dans le monde. »
La pièce, souvent teintée d’humour, navigue entre divers niveaux de langue et divers accents, du maghrébin au québécois, en passant par la langue châtiée de Camus. Une belle réussite qui rend la pièce savoureuse. La petite Salle Fred-Barry, quant à elle, se prête remarquablement bien à créer cette atmosphère intimiste qui sied à ce type de théâtre.
L’Énigme Camus : une passion algérienne
Théâtre de Fortune
Texte et mise en scène : Jean-Marie Papapietro
Distribution : Roch Aubert, Mohsen El Gharbi, Gaétan Nadeau, Christophe Rapin et Philippe Régnoux.
Scénographie et accessoires : Romain Fabre
Lumières : Martin Sirois
Conception vidéo : Sébastien Godron
Régie : Cynthia Bouchard-Gosselin
Théâtre Denise-Pelletier
Jusqu’au 29 novembre 2014.
[Photo © Michael Slobodian. De gauche à droite : Philippe Régnoux, Mohsen El Gharbi, Gaétan Nadeau, Roch Aubert.]
