[Deuxième partie de trois. Pour lire la première partie.]
Vent du Mont Schärr
En fin de compte, nous n’avons pas beaucoup parlé de VDMS. Ce groupe semi-légendaire a vécu de janvier 1986 à juin 1990. Il fut le premier groupe québécois à signer sur un label français alternatif, Boucherie Pro-duction, avant même de signer au Québec.
« Vent du Mont Shärr était sur une bonne lancée. Mais quand tu vois la mer Rouge se séparer, c’est pas bon signe. Pour avoir un succès commercial, c’est l’imprésario qui fait la job. On n’en avait pas, faut dire que quand tu les traites comme du poisson pourri. Rock Envol 1986 c’était un set-up pour couronner le début de carrière solo d’un certain chanteur. C’était organisé par Radio-Can, donc c’était tout croche. Mais Gérard Lambert avait monté un jury avec des gens qu’on ne peut pas acheter comme Luc Plamondon. C’était une bonne affaire pour le Club Soda. De gros commanditaires, personne à payer… Le chanteur a été devancé par des groupes qui venaient de nulle part [VDMS a remporté le concours]. Ça nous a permis d’aller en Europe une couple de fois. On est aussi le seul band qui a signé en France avant de signer au Québec. Quand tu es en avance sur ton temps…»
« Quand j’ai ressorti les vieux tapes en 2004, on a fait une tournée de promotion dans les radios dont CIBL. Tout à coup un kid rentre et écoute la conversation. Il nous dit que VDMS c’est une légende, ils n’ont jamais existé. C’est parfois bien d’être une légende même si ton chèque de droits d’auteur n’est que de 2,14$ tous les trois mois. Il y a eu des répercussions… Mais ça beurre pas les toasts. Tant mieux dans un sens, car si j’étais rentré dans ce tordeur, je serais mort. Comme une de mes idoles Gilbert Chénier, un génie des années 1960. Il a écrit les textes et les chansons de Capitaine Bonhomme, la Cabane à Midas, Patof, l’Oncle Pierre. Il est mort à 39 ans, bien usé. »
« Les Foufs vont nous booker pour la première fois depuis 1990. Mais j’ai recyclé le band avec des jeunes (dans la trentaine). En fin de compte, on a eu la chance de travailler avec des gens intéressants. »
La course à la mairie de Montréal
« En 1994, j’ai fait la campagne à la mairie contre Jérôme Choquette et Pierre Bourque. Aujourd’hui on a des zombis corporatifs, à la langue de bois, des hommes et des femmes de pailles. Il n’y a plus de fuckés. C’est quand tu fais une campagne politique que tu te rends compte que tu connais personne. Là tu as besoin d’un réseau. Je me suis présenté en 1992 dans Saint-Jacques et en 1994 à la mairie. L’excellent nom de parti qu’on avait trouvé c’est votez ici. Il y a toujours 10 à 20 % de votes stupides. Aujourd’hui, on ne mise que sur ces votes. On voulait présenter 20 candidats pour pouvoir dire que nous sommes déjà vingt culs. Ça m’a permis de passer à Pascau. CKVL. J’ai terminé sixième ou septième sur 12, comme cette année [l’entrevue a eu lieu quelques jours avant les élections municipales] avec 974 votes. Avec une dépense de zéro cent. Douze, ça a rapport avec les apôtres ? Quelle brochette d’opportunistes ! Il faut dire que la moitié des gens sont illettrés… Quand tu grattes un peu, le niveau trois de littératie… Lire et comprendre un texte de 300 mots dans notre société relève de l’exploit. Remarque que c’est comme ça partout, au Canada, en Australie… C’est assez décourageant.»
Restaurateur végétalien
« Par l’entremise néoisme j’ai découvert le végétarisme Krishna. Après un stage à Toronto, j’ai ouvert le premier restaurant végétalien de Montréal avec Marie-Pierre Michaud en 1997 sur St-Laurent. Il existe encore. Je me rappelle qu’il fallait que j’explique tout. Non il n’y a pas d’œufs, juste du bran de scie. Je ne suis plus végé aujourd’hui. Quand ça devient un dogme… En ai-je entendu des théories crackpot ! Ils veulent ton bien, puis ils le veulent en ostie. J’ai entendu des histoires genre : j’ai été frugivore pendant deux ans jusqu’à temps que mes ongles noircissent et tombent. Encore une fois ça manque d’art. J’ai fait des stages d’observation pour le Commensal. Ah ! l’odeur de sarrazin. Je comprends pourquoi la majorité des cuisiniers deviennent alcooliques ou drogués. Ce n’était pas pour moi. »
[Suite et fin.]
[Photo : Pretty Vacant (Jack V), Jean-Martin Mignault, Jean-Luc Bonspiel, et Alan Lord. Nous ignorons de quel journal c’est tiré. Si quelqu’un le sait, prière de nous en informer pour les crédits.]
[Articles sur Vent du Mont Scährr :
L’histoire du rock racontée aux enfants – Vent du Mont Scährr (2006)
Le Vent Du Mont Schärr n’a pas soufflé son dernier mot! (2008)
Vent du Mont Schärr sur BandCamp.
La maison des truites sur Facebook.
Tous les cancers de l’Arc-en-ciel – Dimanche 23h sur CIBL 101,5 Montréal.
Jean-Luc Bonspiel sur Soundcloud.