Né le 6 mars 1927 à Aracataca, en Colombie, petite ville colombienne de la côte caribéenne, l’écrivain nobélisé Gabriel Garcia Marquez a rendu l’âme hier à son domicile de Mexico à l’âge de 87 ans.
Pascale Casanova souligne, dans son hommage publié dans le Monde, « On peut faire d’Aracataca, même pour un seul jour, « la capitale de la littérature » et inverser ainsi les relations de la dépendance, abolir l’écrasante différence entre« ce village de merde » (premier titre de Pas de lettre pour le colonel) privé de tout accès à la littérature, et le haut lieu de la plus grande reconnaissance littéraire dans le monde : Stockholm et le jury du prix Nobel. »
Aîné d’une famille de 11 enfants, il a été élevé par ses grands-parents maternels à partir de l’âge de 8 ans, alors que ses parents quittaient le village. Cet Aracataca, son village natal, est devenu dans la littérature Macondo, le village de Cent ans de solitude. Le réalisme magique, ainsi que l’on nomme ce courant de la littérature sud-américaine, lui vient en partie de ce grand-père, colonel libre-penseur qui, pour tromper l’ennui lui ressassait ses souvenirs de la guerre des Mille Jours, guerre civile qui ravagera la Colombie entre 1899 et 1902 et qui se solda par la victoire de conservateurs. Le colonel s’éleva aussi contre le massacre des bananeraies en 1928. Des centaines d’ouvriers agricoles en grève avaient été tués par l’armée colombienne, sous la pression des États-Unis qui souhaitaient protéger les intérêts de la compagnie américaine United Fruit. Sa grand-mère, quant à elle, vivait dans un monde peuplé de fantômes et de prodiges. Lors de la réception du prix Nobel en 1982, Garcia Marquez déclara que « rien d’intéressant ne m’est arrivé après mon enfance ».
À ses débuts, journaliste de gauche, il gardera toutefois un souvenir mitigé de son séjour derrière le Rideau de fer. Après des séjours à Paris, à Barcelone et une demande infructueuse de visa pour le Canada, il finira par s’installer à Mexico.
La publication en 1967 de Cent ans de solitude, histoire de la famille Buendia se déroulant sur six générations, lui amènera la consécration. « Le plus grand roman écrit en langue espagnole depuis Don Quichotte », déclara le poète chilien Pablo Neruda.
Mentionnons quelques titres. Chronique d’une mort annoncée, publié en 1981 en Colombie, L’Automne du Patriarche, L’Amour au temps du choléra (1985), Le Général dans son labyrinthe (1989), Mémoires de mes putains tristes (2004), son dernier titre. Je cite de mémoire une phrase qui m’avait marqué. « Un écrivain passe sa vie à réécrire le même roman. J’ai écrit toute ma vie pour inciter le public à lire Pas de lettre pour le colonel. »
[Photo : Jose Lara – Article dans le Monde – Article de Pascale Casanova – Le massacre des bananeraies]