Le Conseil québécois LGBT, pour l’égalité de fait des droits humains

fosterL’acquisition des droits des personnes LGBT (lesbiennes, gaies, bisexuelles et transsexuelles) ne s’est pas faite comme par magie, mais graduellement, par de petites batailles, par une implication constante dans le processus socio-politique, mais également par une action concertée dans les milieux communautaires, d’affaires et culturels.
En avril 1993 est incorporée la Table de concertation des lesbiennes et gais du Québec (TCLGQ). À l’origine, la Table vise à répondre aux besoins des communautés lesbiennes et gaies de se doter d’un organisme d’action sociopolitique visant la reconnaissance de leurs droits.
À l’époque, du chemin avait été parcouru pour l’égalité des droits, mais la communauté gaie était toujours victime de violences et aussi de répression policière excessive. L’idée d’une action concertée prenait tout son sens et permettait d’arrimer les efforts de tous les intervenant(e)s et de tous les organismes de nos communautés.
En 20 ans d’existence, ce qui allait devenir le Conseil québécois LGBT sera au centre des plus grandes luttes pour l’égalité des droits.
En 1994, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, à l’instigation de la TCLGQ, entame des consultations publiques et publie plus tard un rapport sur la violence et la discrimination envers les gais et les lesbiennes intitulé : « De l’illégalité à l’égalité ». Pour la première fois dans l’histoire du Québec et en Amérique du Nord, un organisme gouvernemental reconnaît les besoins spécifiques des LGBT.
Ce rapport, soumis en 1996, retentira en 2004 dans les premiers États généraux de la communauté LGBT à Québec, sous le titre « de l’égalité juridique à l’égalité sociale. » À ce stade, les personnes transsexuelles, transgenres et bisexuelles sont invitées à y inclure leur problématique et leurs préoccupations.
En 1998, la TCLGQ a mis sur pied une coalition pour la reconnaissance des conjoints et conjointes de même sexe, alors dirigée par Irène Demczuk. On y réunit les principaux organismes gais et lesbiens québécois, ainsi que trois grandes centrales syndicales. Ce seront les balbutiements qui mèneront à l’adoption de la loi 32 par l’Assemblés nationale : « Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant les conjoints de fait ».
Le parlement canadien emboîtera le pas un an plus tard avec la loi C-23. En 2002, les efforts mis en ce sens aboutiront au projet de loi 84 qui donnera aux couples de même sexe un accès à une institution équivalente à celle du mariage. Le projet est adopté à l’unanimité.
Puis, en 2005, la TCLGQ s’allie à l’organisme pancanadien « Les Canadiens et les Canadiennes pour le droit égal au mariage » afin de faire adopter le projet de loi C-38 modifiant les conditions de fond du mariage pour enfin permettre aux gais et aux lesbiennes de se marier. Le projet de loi reçoit la sanction royale en juillet cette même année.
La Table, présidée par monsieur Pierre Valois, instituera l’influence de la communauté gaie et lesbienne dans le rayonnement de la ville de Montréal lors du grand Sommet de Montréal en 2001. L’organisme est si bien représenté qu’on  inclura finalement le terme LGBT dans les textes officiels du Sommet — plus qu’une petite victoire.

 

En 2006, c’est le début de grandes transformations pour la Table de concertation. Suite à de grandes réflexions de fond, on change le nom de la TCLGQ pour « Conseil québécois des gais et lesbiennes » lors d’une assemblée en juin. Devenant plus qu’une table de concertation, la mission de l’organisme s’élargit pour devenir « un lieu de militantisme, de conscientisation, d’analyse, de réflexion, de dialogue, de débat, de sensibilisation et de formation. » Le but est alors de chercher à maintenir les acquis tout en continuant de favoriser la progression de l’égalité sociale des LGBT.

 

Lors de cette même assemblée, administratrices et administrateurs présentent et adoptent un plan stratégique 2006-2011, plan en cinq points : rehausser le financement par un nombre accru de membres ; augmenter la visibilité et l’intervention via des outils de communication améliorés et un plan de marketing ; bonifier et améliorer les relations externes ; prendre acte des réalités de la communauté LGBT dans une perspective globale ; prendre acte du Rapport de consultation du Groupe de travail mixte contre l’homophobie et, dans la mesure de ses moyens, y donner suite.

 

Que ce soit pour son implication dans les différents milieux, les États généraux, les groupes de travail, la lutte à l’homophobie, les luttes pour les conjoints et conjointes de même sexe, la défense des droits de minorités et des ainés, l’implication dans le communautaire et les communautés, la présentation de divers mémoires qui statuent sur les besoins essentiels des gais, lesbiennes et transsexuels, le Conseil québécois LGBT (renommé en 2012) a été de toutes les batailles depuis 20 ans et entend le demeurer encore longtemps.

 

Photo : Steve Foster, l’actuel directeur général, récipiendaire du Prix Droits et Libertés 2013.
Photo de : Pierre Ouimet