L’hiver à l’Agora de la danse

L’Agora de la danse propose une incursion en terre de créations qui dope les imaginaires : un portait sans complaisance de la diversité des pratiques, un mélange d’exigence, de grâce et de virtuosité qui permet à la danse de s’ancrer durablement dans la tête, le corps et le cœur des gens.

Isabelle van Grimde
Symphonie 5.1
Du 27 au 30 janvier 2016
À l’ère d’une virtualisation sans cesse en évolution, Isabelle Van Grimde plonge ses danseurs dans un environnement visuel interactif orchestré par une partition musicale jouée en direct. Cet univers intriguant où réel et fiction se confondent laisse place à d’étonnantes visions : une silhouette se dédoublant, un visage changeant d’âge, un corps se pixellisant jusqu’à sa totale dissolution. Et ces enfants partageant la scène avec les adultes présents sont-ils vivants ou sont-ils des fantômes surgis d’un autre temps ? Isabelle Van Grimde s’interroge ici sur les fluctuations identitaires, la perception du corps et de son devenir. Ainsi, mille et une histoires se confondent dans le chevauchement des époques, tissant la trame d’une œuvre onirique d’une troublante poésie.

Ismaël Mouaraki
Lien(s)
Du 3 au 5 février 2016
Dans cette nouvelle création aux croisées des danses urbaines et de la danse contemporaine, Ismaël Mouaraki rassemble cinq individus dissemblables dans une buanderie, où ils doivent laver leur linge sale ensemble ! Dans cet espace du quotidien, le vêtement unit et désunit les protagonistes qui y dévoilent leurs histoires personnelles. Celles-ci se transportent, s’entrechoquent et se transposent de corps en corps pour placer tout le monde au cœur d’un tourbillon d’émotions. Tout se joue sur la perception de soi et de l’autre, chaque individu ayant son propre langage corporel et sa propre identité culturelle et sociale. Dans Lien(s), chaque interprète endosse un personnage fictif avec ses particularités. Par un jeu de contacts chorégraphiques, les personnages dressent un portrait social et culturel de l’époque contemporaine. Être et paraître se chevauchent et font percevoir les multiples possibilités du corps.

Marie Béland + Montréal Danse
BEHIND : une danse dont vous êtes le héros & BETWEEN
Du 17 au 19 février 2016
 Marie Béland propose ici deux œuvres qui placent la danse derrière (BEHIND) ou entre (BETWEEN), comme un défi lancé au spectateur. Comment la danse se révèle-t-elle à chacun de nous ? La chorégraphie, au premier abord invisible, finit par montrer plus qu’elle ne cache. Dans BETWEEN, la chorégraphe s’intéresse à la parole incessante comme mouvement du corps. Le bavardage devient le support d’une écriture chorégraphique de nos automatismes gestuels. Dans BEHIND : une danse dont vous êtes le héros – œuvre déjà présentée à Tangente en 2010 – une autre contrainte est imposée : devant un panneau qui ne laisse paraître que quelques indices de la scène, les spectateurs sont invités à deviner ce qui se trame et à imaginer leur propre chorégraphie.

Lucie Grégoire
Les choses dernières
Du 9 au 12 mars 2016
Une femme émerge de la nuit, comme d’un territoire caché. Ses gestes scrutent le temps. Son corps fugitif est à la limite de la transparence. Elle erre dans un monde en désintégration, dans une ville quasi apocalyptique. Dans ce “pays des choses dernières”, vide de sens, elle tente de survivre. Librement inspirée d’un roman de Paul Auster, cette œuvre marquante a été créée en 1994 par Lucie Grégoire et reprise à l’occasion du 30e anniversaire de sa compagnie. Pour cette nouvelle présentation, elle offre le rôle à Isabelle Poirier, interprète d’une grande intensité, afin de poursuivre cette inlassable quête de l’identité qui habite la chorégraphe. La beauté hypnotique de la danse de Lucie Grégoire est ici accompagnée d’une musique de Robert M. Lepage et des éclairages d’Alain Lortie qui épousent la danse, enveloppant la scène d’une atmosphère cinématographique, empreinte d’une sensualité à la fois voilée et exacerbée.

Louise Bédard
La Démarquise
Du 16 au 18 mars
 Entrez doucement, à pas feutrés, dans une atmosphère presque d’un autre temps. Laissez-vous emporter par ces quatre femmes aux gestes énigmatiques, troublants et désarmants. Inspirée du travail iconographique et narratif de l’artiste plasticienne portugaise Paula Rego, dont les thèmes sont souvent exclus de la tradition picturale occidentale, cette invitation de Louise Bédard est une occasion de faire écho au discours que la société porte sur l’âge, processus lent et naturel qui nous entraîne pourtant dans une course effrénée : celle de se prémunir de la vieillesse. Au travers d’images de femmes magnifiées et blessées, accompagnées de stimuli sonores, visuels, physiques et matériels, La Démarquise ouvre un dialogue où se jouent contrariétés et affranchissement, drame et volupté, porté par la poésie des corps sur scène.

L’Agora de la danse.

agora-2016