Franklyne, cowgirl rockstar

Pas facile à suivre, la Franklyne. Cette auteur-compositeur-interprète a connu une carrière en dents de scie, ponctuée d’accidents, d’arrêts et de retours en force.

Née à  Montréal en 1962, elle est la cadette d’une famille de 4 enfants. À l’âge de 2 ans, elle se fait frapper par un remorqueur. Elle restera 6 mois alitée, les jambes dans le plâtre. Cet accident incitera ses parents à déménager à Sherbrooke où elle habitera jusqu’à l’âge de 16 ans.

Sa première guitare, elle l’obtient à l’âge de 8 ans. À 12 ans, elle a déjà son propre band et fait des tournées dans des clubs de l’Estrie. Autre temps, autre mœurs. On s’imagine mal de nos jours voir une adolescente jouer dans des débits de boissons. Malgré l’opposition de ses parents, elle s’embarque à l’âge de 16 ans pour la grande ville, recrutée par un batteur qui cherche une chanteuse pour leur band, Plastik. C’est le début de sa carrière rock’n roll. Nous sommes vers 1978, le groupe chante des covers de l’époque. C’est aussi le début du punk et du New Wave avec des groupes comme B-52, The Clash. Le groupe était structuré, avec un gérant bien connu, André Di Cesare (Patrick Normand, Chatelaine, Richard Huet, Orange, Orange, Mado Lamothe). Cet apprentissage a duré deux ans, de tournées en roulotte, de vie d’hôtel.

Avec Térapi

Son coiffeur, Alain Thiboutot, de chez Scandale, boulevard Saint-Laurent, aura une influence déterminante sur la suite des événements. Un groupe, Pit-Bull, par la suite rebaptisé Térapi, cherchait une chanteuse. Ils viennent la voir performer alors que Plastik se produisait dans un bar de La Ronde. Dans le temps de le dire, elle lâche son groupe, au grand dam de son producteur, pour se joindre à Pit-Bull. Franklyne est tombée dans un monde vraiment rock’n rool, avec alcool, pot, mescaline et petites pilules. C’est aussi son début d’auteur-compositeur.

Franklyne s’installe avec le peintre Bob Desautels (du groupe PDG) dans un entrepôt de Saint-Henri. Le groupe fera les premières parties de Nina Hagen, Gang of Four. Il gagnera aussi le concours international Rock Mitaine de Radio-Canada. Leur chanson Rock’a’Tchooka deviendra la chanson thème de l’événement éponyme, premier événement underground artistique multimédia de Montréal. Le groupe se produira dans les salles alternatives de l’époque : Glass, Foufounes électriques, Limelight, Lézard. Une vidéo produite par Télé-Québec a récemment été numérisée par Éric Simon qui prépare un film sur l’époque.

Le groupe était composé par Jojo Vanier à la guitare, Michel Gougeon à la basse, Éric Pirroà la batterie tandis que Franklyne était chanteuse tout en touchant pour la première fois aux claviers. Il était aussi un des rares groupes de l’époque à chanter principalement en français. L’aventure pour Franklyne a duré quatre ans. En 1982, elle décide de partir, autant pour sa santé mentale et physique. Le groupe était sur le point de percer internationalement. Une chanteuse a pris sa place, mais un an plus tard, le groupe s’est dissout.

De Michel Lemieux aux Fleurs sauvages

Après un long creux, Franklyne sera engagée par Michel Lemieux comme choriste, guitariste et performeuse pour son spectacle Mutation (1988) qui l’amènera en Chine, en Australie, en Europe. Avec lui, elle apprendra la discipline, mais elle ne compose plus.

Elle renouera avec la création avec son nouveau groupe, Franklyne et Fleurs sauvages. En 1992, elles sortiront leur unique album et gagneront le prix du public lors du concours Rock Envol organisé par Musique Plus.Toutefois, le groupe finira par se séparer sans raison apparente. Juste comme ça. Sans doute, l’absence de subvention pour produire un second album a joué dans la balance. Il en coûtait au bas mot 50 000 $ pour ce faire à l’époque, avant l’apparition du numérique.

En 2000, elle jouera sept personnages dans la pièce contre la mondialisation, Le Cirque en $Cash, de Norman Nawrocki.  En 2003, elle écrit et interprète la trame musicale du film Sexe de rue de Richard Boutet, puis celle de Rainbow’s Pride de Marie-Josée Ferron et enfin, du film Frail de Micheal P. Delay.

En solo

Franklyne continuera à écrire mais ce n’est qu’en 2008 qu’elle sortira un nouvel album autoproduit, Nouveau scénario. Au moment d’écrire ces lignes, elle est à mettre la touche finale à son prochain album, Country Junkie. Elle souligne qu,elle aime le vieux country, celui de Johnny Cash, de Petula Clark. Pas le nouveau. L’album va swinger, il n’y aura pas de balades, insiste-t’elle. Elle compose dans le calme de la champagne, même lorsqu’elle parle de la ville. Pour financer l’album, elle travaille en parallèle comme DJ et animatrice de Karaoké dans différents bars.

J’ai connu Franklyne à Toronto en 2009 alors qu’elle produisait une chanson pour une champagne sur le sécurisexe, Put It On. Il faut l’entendre en spectacle. Cette bohème, malgré plusieurs épreuves dans sa vie, ne peut que nous entraîner dans la bonne humeur quand elle prend sa guitare et son harmonica pour nous interpréter ses propres compositions ou quelques grands classiques rock, rythmin’ blues ou country.

franklyne