Carl Fredrik Reuterswärd (1934-2016)
Le sculpteur et poète suédois Carl Fredrik Reuterswärd est décédé à l’âge de 81 ans. On lui doit, entre autres, la sculpture du revolver au canon noué exposée devant le siège des Nations unies à New York, réalisée à la mémoire de son ami John Lennon qui a été abattu le 8 décembre 1980.
Maurice Sinet, alias Siné (1928-2016)
Mourir ? Plutôt crever ! telle est l’épitaphe que le dessinateur a fait inscrire sur sa pierre tombale. Maurice Sinet, alias Siné, avait travaillé pour Charlie Hebdo pendant 27 ans, puis avait fondé Siné Hebdo et Siné Mensuel. Il est décédé à l’âge de 87 ans des suites d’une opération.
Isao Tomita (1932-2016)
Ce musicien japonais a connu une renommée mondiale en reprenant avec des instruments électroniques des œuvres classiques dont celles de Debussy et de Stravinski.
Julie Hamelin (1973-2016)
La Québécoise Julie Hamelin, conceptrice de spectacles de cirque et cofondatrice du Cirque Éloize et de la Compagnia Finzi Pasca, est décédée en Suisse à l’âge de 43 ans.
Benoîte Groult (1920-2016)
L’écrivaine française est morte dans son sommeil le 20 juin 2016 à l’âge de 96 ans. Elle était l’auteure de plusieurs livres marquants, dont Le féminin pluriel (1965) et Le féminisme au masculin (1977).
Pierre Lalonde (1941-2016)
L’animateur et chanteur québécois est décédé le 22 juin à l’âge de 75 ans. Un de ses plus grands succès : C’est le temps des vacances.
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Rita Lafontaine (1939-2016)
Le 4 avril, la comédienne Rita Lafontaine est décédée à l’Hôtel-Dieu de Montréal à l’âge de 76 ans. On l’a connait, entre autres, pour son jeu dans les pièces de Michel Tremblay.
Marcel Dubé (1930-2016)
Un des plus importants dramaturges du Québec, Marcel Dubé est décédé de 7 avril à l’âge de 86 ans.
Prince (1958-2016)
Une autre légende disparaît. Prince Rogers Nelson, mieux connu sous le nom de Prince est décédé le 21 avril à l’âge de 57 ans dans des circonstances encore mystérieuses.
Papa Wemba (1949-2016)
Surnommé le pape de la rumba, le chanteur congolais est décédé ce 24 avril à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il s’est écroulé en plein concert sur la scène du festival Femua.
Martin Gray (1922-2016)
Ce 25 avril, ce survivant du Ghetto de Varsovie et auteur de : Au nom de tous les miens, est décédé à l’âge de 94 ans.
Madeleine Sherwood (1922-2016)
La mère supérieure (d’origine montréalaise) de la Sœur volante n’est plus.
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Stéphan Bujold, président
Fédération acadienne du Québec
Aux Îles-de-la-Madeleine, pays d’Acadie, est survenue une autre tragédie : un petit appareil s’y est abîmé. Toutes les personnes à son bord sont décédées. Lorsque l’on connaît du monde de l’archipel du Golfe et qu’on entend une telle nouvelle, on s’inquiète forcément. Je ne connaissais personne à son bord, mais je n’étais pas pour autant soulagé… Qui au Québec, voire en Acadie et au Canada, pouvait se targuer de ne pas connaître Jean Lapierre? Voilà donc qu’une tragédie aérienne locale prenait des dimensions nationales. Même si les couches de cette tragédie semblent sans fin, je ne souhaite n’en aborder que quelques-unes me tenant particulièrement à cœur.
Tout d’abord, cette dame s’apprêtant à enterrer son mari qui devra aussi conduire à leur dernier repos quatre de ses enfants. C’est à elle que j’ai pensé avant tout. Et je dois admettre que je ne sais quoi dire. Les mots me semblent futiles en une telle circonstance. Je me risque quand même à lui transmettre mes plus sincères condoléances et lui assurer que mes pensées sont pour elles et les membres de sa famille que le destin a épargnés.
L’autre dimension qui me choque, me révolte davantage qu’elle me chagrine, c’est le sort que l’on réserve aux régions dites reculées lorsque vues depuis les grands centres urbains. En Gaspésie, sur la Côte-Nord ou aux Îles-de-la-Madeleine, tous pays Acadiens d’ailleurs, on laisse les ports et les aéroports en délabre; on réduit les services d’autobus ou on interrompt les liaisons ferroviaires. Voilà comment l’on traite les régions après les avoir vidés de leurs ressources naturelles : on s’attaque maintenant à leurs ressources humaines.
Comme pratiquement tous les Madelinots, Jean Lapierre était un Québécois d’origine acadienne ou un Acadien du Québec, c’est selon le point de vue. Il était aussi le plus connu des Madelinots, non seulement au Québec, mais bien dans tout le Canada. Dans ce sens, pour tous les membres de mon organisation et moi-même, probablement aussi pour tous les Acadiens et Acadiennes du Québec et de l’Acadie, il était sujet de fierté. Son intelligence, son humour, son implication et son sens de la formule, notamment, manqueront à tous, mais particulièrement aux habitants de l’Acadie — ce pays aux contours flous et méconnus, sinon carrément ignorés, qui perd avec Jean Lapierre un brillant ambassadeur.
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Maurice White (1941-2016)
Le 3 février, le fondateur du groupe Earth, Wind and Fire, Maurice White est décédé chez lui à Los Angeles à l’âge de 74 ans. Il avait créé le groupe en 1969 à Chicago. Il avait développé un son nouveau associant R&B, rock, soul et funk. Il souffrait de la maladie de Parkinson.
Brian Charbonneau, alias Sheena Hershey (1980-2016)
Une des grandes figures de la personnification féminine dans le Village gay de Montréal est décédée brusquement des suites d’une pneumonie.
Pierre Jean (1945-2016)
Le 4, l’homme de cirque et du théâtre des Variétés s’est éteint. J’ai eu la chance de la côtoyer à plusieurs reprises ces dernières années. Il va rejoindre son ami Gilles Latulippe.
Bertrand Roux (1959-2016)
Le 6 février disparaissait Bertrand Roux , pionner de la radio communautaire CIBL à Montréal et animateur radio.
Juliette Benzoni (1920-2010)
Le 8 février l’écrivain de romans historiques Juliette Benzoni s’éteignait à l’âge de 95 ans. Elle a écrit plusieurs cycles romanesques dont Catherine qui ont été portés à la télévision.
Andrzej Zulawski (1940-2016)
Le 17 février, le cinéaste polonais installé en France est décédé à 75 ans des suites du cancer. On lui doit, entre autres, L’important c’est d’aimer (1975) avec Romy Schneider et Jacques Dutronc.
Umberto Eco (1932-2016)
L’écrivain et philosophe, célèbre pour son roman Le Nom de la Rose, est décédé le 20 à l’âge de 84 ans.
Claude Michaud (1938-2016)
Le comédien québécois s’est éteint le 21 février à l’âge de 77 ans. Il a joué au théâtre, au cinéma et à la télévision. Les gens de ma génération se souviendront de Gras-Double dans l’émission jeunesse de Radio-Canada Maigrichon et Gras-Double, au début des années 1970.
Par Jean-Luc Romero-Michel
Président d’Elus Locaux Contre le Sida (France)
Collaboration spéciale
« Le monde doit accélérer ses efforts de riposte au sida de façon radicale ou sera confronté à plus d’infections à VIH et de décès qu’il y a cinq ans ».
Quant cela a-t-il été dit ? Il y a longtemps quand on ne pouvait que constater que la lutte contre le VIH/sida n’était pas, mais alors pas du tout, prise au sérieux et que les réponses politiques n’étaient pas à la hauteur ? Non. Cela date de juillet 2015, alors que la communication globale et le message relayé sont plutôt optimistes.
Qui le dit ? D’obscures pessimistes, des rabat-joie ? Non. Cette prise de position est le fait de la commission ONUSIDA-Lancet donc en toute simplicité : 38 chefs d’État et responsables politiques, spécialistes du VIH et de la santé, jeunes, activistes, scientifiques et représentants du secteur privé. En somme des personnes à qui l’on ne peut dénier autorité dans le domaine.
Malgré les 1,2 millions de morts causés par le virus en 2014, la fin du sida est envisageable. Je ne le déclame pas comme un titre de presse visuellement accrocheur. Non, c’est une réalité objectivement atteignable, une opinion partagée par l’ensemble des acteurs de la lutte contre le sida au niveau mondial. Mais pour cela, les efforts à mettre en œuvre sont immenses. Immenses. Possibles. Nécessaires.
Concrètement, au niveau international, et là je reprends les paroles de cette commission : « il faudrait engager (entre 2014 et 2030) jusqu’à 2 % du PIB et un tiers au moins de l’ensemble des dépenses de santé publique dans les pays africains les plus touchés pour financer les programmes de lutte contre le VIH ».
Honnêtement, je pense que nous pouvons y arriver. Je ne prendrai qu’un exemple, un exemple en forme d’espoir : la Déclaration de Paris, voulue par la maire de Paris, Anne Hidalgo et le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé. Le 1er décembre dernier, des maires du monde entier se sont réunis à Paris pour signer une déclaration fondatrice en vue de mettre fin à l’épidémie de sida dans leurs villes, avec à la clé une série d’engagements dont la réalisation des objectifs « 90-90-90 » de l’ONUSIDA, c’est-à-dire 90% des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut sérologique, 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées qui reçoivent un traitement antirétroviral, 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral qui ont une charge virale durablement indétectable.
En France, en suivant également cette feuille de route ambitieuse posée par l’ONUSIDA, nous sommes en train de vivre une période charnière dans la lutte contre le VIH/sida : le dépistage, au cœur de la réponse du fait de son rôle tant individuel que collectif, est érigé en priorité absolue, j’en veux pour preuve la montée en puissance du dépistage rapide, la réforme actuellement en cours touchant les acteurs du dépistage destiné à mieux garantir la continuité du parcours de soins, l’autorisation des autotests de dépistage au VIH en septembre 2015.
Autant d’éléments qui vont dans le bon sens ; autant d’éléments qui ne sauraient suffire. En France, avec comme exemple probant la politique mise en place à San Francisco, nous attentons l’autorisation de la PrEP, stratégie de prévention réclamée par l’Organisation mondiale de la santé, la Société européenne de recherche clinique sur le sida, le groupe d’experts coordonné par le professeur Morlat
Aujourd’hui, de nombreuses contaminations au VIH qui auraient pu être évitées ne le sont pas. Par manque de courage politique. Je le dis depuis 20 ans en tant que président d’Elus Locaux Contre le Sida : le sida se soigne aussi par la politique. Je le pense sincèrement, tout comme le fait que la frilosité politique tue.
Le blog de Jean-Luc Romero-Michel.
[Photo de Jean-Luc Romero par Franck Laguilliez.]
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Le 16 novembre, la communauté internationale célèbre la Journée internationale de la tolérance. En voici une définition tirée la Déclaration de principes sur la tolérance de l’UNESCO adoptée en 1995.
« La tolérance est le respect, l’acceptation et l’appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d’expression et de nos manières d’exprimer notre qualité d’êtres humains. Elle est encouragée par la connaissance, l’ouverture d’esprit, la communication et la liberté de pensée, de conscience et de croyance. La tolérance est l’harmonie dans la différence. Elle n’est pas seulement une obligation d’ordre éthique ; elle est également une nécessité politique et juridique. La tolérance est une vertu qui rend la paix possible et contribue à substituer une culture de la paix à la culture de la guerre.
La tolérance n’est ni concession, ni condescendance, ni complaisance. La tolérance est, avant tout, une attitude active animée par la reconnaissance des droits universels de la personne humaine et des libertés fondamentales d’autrui. En aucun cas la tolérance ne saurait être invoquée pour justifier des atteintes à ces valeurs fondamentales. La tolérance doit être pratiquée par les individus, les groupes et les États.
La tolérance est la clé de voûte des droits de l’homme, du pluralisme (y compris le pluralisme culturel), de la démocratie et de l’État de droit. Elle implique le rejet du dogmatisme et de l’absolutisme et conforte les normes énoncées dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme.
Conformément au respect des droits de l’homme, pratiquer la tolérance ce n’est ni tolérer l’injustice sociale, ni renoncer à ses propres convictions, ni faire de concessions à cet égard. La pratique de la tolérance signifie que chacun a le libre choix de ses convictions et accepte que l’autre jouisse de la même liberté. Elle signifie l’acceptation du fait que les êtres humains, qui se caractérisent naturellement par la diversité de leur aspect physique, de leur situation, de leur mode d’expression, de leurs comportements et de leurs valeurs, ont le droit de vivre en paix et d’être tels qu’ils sont. Elle signifie également que nul ne doit imposer ses opinions à autrui. »
[Source : ONU, Journée internationale de la tolérance.]
]]>Le 17 mai 1990 l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) supprimait l’homosexualité de la liste des maladies mentales dans sa classification internationale des maladies. 15 ans plus tard, soit en 2005, le comité IDAHO (International Day Against HOmophobia) faisait du 17 mai la journée internationale de lutte à l’homophobie et la transphobie, journée maintenant reconnue par plus de 60 pays dans le monde.
Le site sos-homophobie (France) donne cette définition de l’homophobie : « Le terme homophobie, apparu dans les années 1970, vient de «homo», abréviation de « homosexuel », et de « phobie », du grec phobos qui signifie crainte (…) Est ainsi homophobe toute organisation ou individu rejetant l’homosexualité et les homosexuel-le-s, et ne leur reconnaissant pas les mêmes droits qu’aux hétérosexuel-le-s. L’homophobie est donc un rejet de la différence, au même titre que la xénophobie, le racisme, le sexisme, les discriminations sociales, liées aux croyances religieuses, aux handicaps, etc.. »
Au Québec, chaque année la Fondation Émergence lance une campagne de sensibilisation. Cette année la campagne de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie 2015 met en lumière le rôle indispensable des alliés dans le cheminement des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transidentitaires (LGBT). Par allié(e), on entend généralement une personne hétérosexuelle sensible au vécu des LGBT. Vous pouvez télécharger affiches et dépliants sur leur site.
L’Association Internationale des Lesbiennes, des Gays, des personnes Bisexuelles, Trans et Intersexuelles (ILGA) même une enquête mondiale sur la criminalisation, la protection et la reconnaissance de l’amour entre personnes de même sexe. Vous pouvez consulter le rapport en ligne.
Le projet Mosaïk propose plusieurs outils de mobilisation contre l’homophobie en milieu scolaire. Entre autres, le guide d’implantation « La mobilisation d’alliés contre l’homophobie en contexte scolaire secondaire ».
La Chaire de recherche sur l’homophobie, rattachée à l’UQÀM, offre des conférences mensuelles gratuites ouvertes au grand public.
Le journal L’Itinéraire, dont la mission est d’accroître l’autonomie, le savoir et l’employabilité des personnes qui connaissent des difficultés liées à la marginalité et à l’itinérance, offre une édition spéciale sur l’homophobie et la transphobie intitulée : Ça vous dérange ?
L’exposition Les couples imaginaires au Complexe Desjardins présente une vingtaine de couples formés de personnalités du milieu des arts unies le temps d’une photo. Une réalisation d’Olivier Ciappa. Un deuxième volet, intitulé Tomber dans l’œil, propose au Musée des beaux-arts de Montréal des portraits de la collection d’art québécois et canadien agencés en divers couples, aussi surprenants qu’atypiques. Des comédiens prêtent leurs voix aux personnages de ces tableaux dans des dialogues imaginés par l’auteur Sébastien Harrisson.
Rassemblement à Québec. Dans le cadre de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, l’Alliance Arc-en-ciel de Québec, GRIS-Chaudière-Appalaches, GRIS-Québec, MIELS-Québec, ATQ-Québec, SaphoMag et le Groupe gai de l’Université Laval (GGUL) organisent une action symbolique de solidarité visant à rassembler le plus de personnes possible le dimanche 17 mai à 14h à Place d’Youville.
L’humanité est belle dans sa diversité. C’est sans doute le message à retenir en ce 17 mai.
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Prix du jury étudiant aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal, en première internationale au festival Cinéma du Réel à Paris, L’oeuvre des jours, long métrage documentaire réalisé et produit par Bruno Baillargeon, prendra l’affiche demain à Montréal et à Québec.
Film d’observation, L’oeuvre des jours nous fait vivre le quotidien d’un atelier partagé depuis plus de trente ans par trois artistes, François-Xavier Marange, Louis-Pierre Bougie, Denis Saint-Pierre, peintres et graveurs dont un est atteint d’un cancer. Chronique intimiste du travail et de la création artistique, hommage à ce médium menacé d’oubli qu’est la gravure, L’oeuvre des jours s’offre telle une méditation poétique sur le sens de la vie, de l’art et de l’amitié qui touche à l’universel. Pour ce quatrième long métrage documentaire, Bruno Baillargeon poursuit son exploration des univers masculins du travail et sa recherche d’une expression documentaire poétique fondée sur le récit, le geste, l’image et le non-dit, recherche qu’il a entamée avec Les Chercheurs d’or (ONF, 2002) et développée avec Un Jardin sous les lignes (Les vues du jardin, 2009).
Le spectateur ne doit pas chercher à travers ce film de grandes théories sur l’art. On suit le travail des trois artistes dans l’humble quotidien du créateur. Le réalisateur intervient rarement dans le processus afin de les faire parler de leur travail. Nous avons l’impression de nous promener dans l’atelier et de regarder par-dessus les épaules des artistes, de les suivre dans les différentes étapes de leur processus de production d’une œuvre, sans volonté didactique. Mais, d’un autre côté, tout est dit.
L’oeuvre des jours
Long métrage documentaire réalisé par Bruno Baillargeon
105 minutes, 2014, Québec, Canada
Version originale en français avec sous-titres anglais
Avec la participation de François-Xavier Marange, Louis-Pierre Bougie, Denis Saint-Pierre, Paule Mainguy
Montage : René Roberge | Montage son : Clovis Gouaillier
Production : Bruno Baillargeon (Les vues du jardin)
À propos de Bruno Baillargeon
Né à Montréal, Bruno Baillargeon a exercé trente-six métiers, parfois simultanément, avec un égal bonheur et une égale curiosité: matelot, charpentier, ébéniste, soudeur, entrepreneur, scénariste, réalisateur, monteur, caméraman, enseignant, producteur… Titulaire d’un doctorat en littérature comparée, il se consacre plus particulièrement au cinéma, à l’écriture et à la réalisation de films de fiction et de documentaires, mais aussi d’interactifs, depuis plus de 20 ans. Il a abordé l’écriture scénaristique et la réalisation par la fiction avec quelques courts métrages (Les Galeries Wilderton – 1991, Le Beau top – 2001), qui ont circulé dans de nombreux festivals internationaux, et s’est ensuite intéressé au documentaire. Il a enseigné l’écriture documentaire à l’INIS et donne des ateliers d’écriture interactive et de montage. Il a fondé en 2001 Les Production Plan B, destinées à la production de fictions, de documentaires et d’interactifs à caractère éducatif, puis, en 2004, Les Vues du jardin, destiné à ses productions personnelles. L’oeuvre des jours est son plus récent documentaire.
En salles le 15 mai
Cinéma Excentris (Montréal)
Cinéma Cartier (Québec)
[Photos : Les Vues du jardin. Denis Saint-Pierre avec 1) Marange 2) Bougie. 3) Paule Mainguy et Bougie. Pour en savoir plus sur Bruno Baillargeon, François-Xavier Marange, Louis-Pierre Bougie, L’Atelier circulaire.]
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Mary Tatossian
Collaboration spéciale
[NDLR : le 24 avril marque le centenaire du début du Génocide arménien. Bazoom a adapté en français le texte de Mary Tatossian avec sa permission.]
Je me sens interpellée par l’idée de partager ma fierté de voir à quel point les choses peuvent changer quand des gens des quatre coins du monde s’unissent autour d’une cause commune. Cette reconnaissance, ces appuis sont essentiels dans le processus de guérison collective, même cent ans après les événements. Je tiens à saluer les Kim Kardashian, Cher, System of a Down et tous ceux qui participent à cette prise de conscience. De là-haut, nos ancêtres doivent être fiers de constater ce mouvement.
Un de mes amis Facebook m’a écrit dernièrement pour me dire qu’il en avait ras-le-bol de mes posts sur le sujet. Qui peut bien se préoccuper de ce qui s’est passé il y a cent ans alors que nous avons à affronter de « vrais problèmes » dans le monde d’aujourd’hui ? D’abord estomaquée par cette assertion, j’ai pris une grande respiration avant de me dire que je vais tenter une approche plus personnelle afin de remettre les événements dans leur contexte.
Ceux qui ne partagent pas notre héritage peuvent ne pas réaliser à quel point ces atrocités touchent encore les familles arméniennes, même celles vivant en Amérique du nord aujourd’hui. Je peux affirmer sans l’ombre d’un doute que le génocide touche chaque famille arménienne de la diaspora d’une manière ou d’une autre. Nous avons tous perdu quelqu’un. Nous avons tous entendus des histoires d’horreur. Ces victimes étaient du vrai monde. Beaucoup d’entre nous possédons encore des photographies de ces innocentes victimes dans nos albums de famille.
Notre famille a eu son héros, mon grand-oncle Nerses Tanielian, archevêque et un des leaders de la révolte Zeytoun, qui a sauvé des centaines de vies. Avec ses cheveux roux flamboyants et sa longue barbe, il semble être le jumeau de feu mon frère Armand. On m’a raconté qu’il fallait l’avoir vu chevauchant son cheval blanc pour conduire en sécurité femmes et enfants à l’abri des griffes des Turcs. La récompense de sa bravoure ? Il a été capturé et crucifié publiquement afin de dissuader d’autres d’avoir des idées rebelles. Même s’il a été cruellement torturé, ses doigts et ses orteils arrachés un à un, il n’a jamais abandonné. Il n’a pas abandonné ses compagnons rebelles, il n’a pas rejoint les Turcs, il ne s’est pas converti.
Mes grands-parents maternels ont survécu. Malheureusement, mon père est d’une génération d’hommes qui ne s’ouvraient pas facilement. J’ai peu de détails sur ma famille de son côté. Mais, j’en suis convaincue, elle a été touchée d’une manière ou d’une autre.
Edmund Burke a déjà déclaré qu’une seule chose était nécessaire pour le triomphe du mal, soit l’inaction des personnes bonnes. Vous n’êtes peut-être pas au courant, mais la plupart des photographies et des films sur le génocide arménien que vous voyez actuellement dans les médias ont été pris par des Allemands qui souhaitaient documenter en détails le programme d’extermination turc. En fouillant les archives de l’époque, il semble évident que les gens savaient ce qui se passait mais ont préféré ne pas voir. On connaît le résultat…
Trois décennies plus tard, précisément le 22 août 1939, Adolf Hitler affirmait à Goering : « Notre puissance repose sur notre vitesse et sur notre brutalité. Genghis Khan a assassiné des millions de femmes et d’enfants avec préméditation et le cœur joyeux. L’Histoire retient uniquement de lui le fondateur d’un État. Je me moque de ce que dira de moi la faible civilisation occidentale. Après tout, qui parle aujourd’hui de l’extermination des Arméniens ? » (traduction libre)
Une part de moi se demande ce qui se serait passé si le monde avait pris le temps d’entendre les pleurs des Arméniens demandant désespérément grâce ? Si les Turcs avaient été fermement réprimandés pour leurs crimes haineux ? Si le secrétaire américain avait agi suite à la réception d’un télégramme confidentiel envoyé par l’ambassadeur en Turquie, Henry Morgenthau, le 16 juillet 1915 ? Si les Turcs avaient été sévèrement réprimandés, est-ce que les Allemands auraient eu l’audace plus tard d’entreprendre leur propre campagne d’extermination ?
Je me suis demandé si la politique de stricte neutralité du président Wilson lors du génocide arménien n’a pas été le feu vert pour Hitler. D’autres génocides auraient-ils pu être évités si on avait réagi en 1915 ? Je n’ai pas de boule de cristal mais peut-on se figurer que le meilleur obstacle au crime est la certitude de la punition ?
Prenez un moment et imaginez… Imaginez un enfant, vous, enfant d’un survivant, témoin du retour de votre mère de l’hôpital avec un air de zombie.
Ou imaginez l’enfant d’un survivant regardant son père boire pour oublier ne serait-ce qu’un instant les horreurs qu’il a subit ou dont il a été témoin. Ma mère l’a vécu.
Ou imaginez revenir de l’école pour apprendre que votre mère s’est jetée du haut d’un building car elle ne supportait plus la souffrance… Mon père l’a vécu.
Imaginez-vous que ce n’est plus un incident isolé mais les conséquences émotionnelles de ce qu’un peuple a enduré. Et maintenant imaginez-vous qu’on continue de nier l’existence même de ces événements.
J’ai lu récemment un article de Lisa Katz suggérant un profil psychologique des enfants des survivants de l’Holocauste et je suis convaincue que nous pouvons appliquer ses conclusions aux Arméniens de la Diaspora. Les traumatismes peuvent être transmis d’une génération à l’autre mais aussi la résilience. Les traits de cette dernière, adaptabilité, initiative et ténacité, peuvent avoir été transmis des parents survivants à leurs enfants. Je ne serais pas la même sans mes courageux ancêtres. Je suis fière de mon héritage. Ne sommes-nous pas la somme de notre passé ?
Dernièrement le Pape a enfin reconnu l’existence du génocide. De son côté, le Parlement européen presse la Turquie de ce faire. Ces étapes sont essentielles au processus de guérison. Merci d’y participer. 1915 ne doit jamais revenir.
[Photo : Nerses Tanielian – Oeuvre d’Armand Tatossian représentant le génocide – Article original – Article sur le génocide arménien dans Wikipédia – Lettre de Charles Aznavour parue dans Le Monde. ]
Quelques artistes canadiens d’origine arménienne :
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Le 7 janvier 2015 marque une journée de deuil pour la liberté d’expression. Comme chacun le sait, un attentat terroriste a été perpétré contre le journal satirique de gauche Charlie Hebdo.
Enfant du magazine Hara-Kiri, fondé en 1960, Charlie Hebdo nait en 1970 pour prendre la relève du Hara-Kiri Hebdo interdit de publication par le ministre de l’intérieur français suite à une blague d’un goût peut-être un peu douteux sur le décès du général de Gaulle. Le magazine cessera de paraître en 1981 pour finalement renaître en 1992.
En 2006, Charlie Hedbo publie les douze « caricatures de Mahomet » parues quelques mois auparavant dans le journal danois Jyllands-Posten, caricatures qui auront soulevées une polémique internationale. Jacques Chirac et Bill Clinton iront même jusqu’à les condamner comme étant un usage abusif de la liberté de parole. Mais n’est-ce pas plutôt l’autocensure dictée par la peur qui menace la liberté d’expression ?
Parmi les victimes, soulignons Cabu, créateur du Grand Duduche ; Charb, dessinateur satirique, journaliste et directeur de publication de Charlie Hebdo, qui avait déclaré au magazine TelQuel en 2012, suite à des menaces de mort, préférer « mourir debout que vivre à genoux » ; Tignous, caricaturiste et dessinateur ; Wolinski, l’inclassable dessinateur ; Oncle Bernard, économiste, écrivain et journaliste qui a publié, entre autres, Capitalisme et pulsion de mort.
Le magazine aura sûrement beaucoup de difficultés à se relever d’une telle tragédie. Mais ce sont aussi tous les amoureux de la liberté qui sont en deuil aujourd’hui.
[Site de Charlie Hebdo. Le journal Le Monde trace un portrait des victimes.]
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