Une vision restreinte d’une « Free School » située à Little Falls au New Jersey, Approaching the Elephant ne se veut pas un documentaire informatif. Un rêve devenu réalité pour Alexander, le directeur de l’école, le film présente le quotidien des étudiants et adultes impliqués lors de la première année d’ouverture de la Teddy McArdle Free School. Approaching the Elephant fut présenté pour la première fois à Montréal, vendredi dernier, dans le cadre du RIDM.
Rafraichissant, libre, complexe, apeurant sont les mots qui me viennent en tête en repensant à Approaching the Elephant de Amanda Rose Wilder. En sortant de la salle, j’avais des milliers de questions en tête, un avis mitigé quant à cette nouvelle manière de voir l’éducation et une seule envie, comprendre réellement ces « Écoles libres. »
Le documentaire n’offre malheureusement pas un exemple de réussite d’école alternative. Il expose la réalité de la première année d’un établissement hors normes et toutes les difficultés que peut engendrer un projet tel. Simplement, cette institution, se désignant anarchiste, se base sur le vote démocratique d’élèves volontaires pour établir les règles et sur le choix personnel des jeunes d’assister ou non aux cours offerts. Le but premier est de grandir de manière autonome, selon ses intérêts et dans un statut d’équité. Il va sans dire que ce genre de programme est loin de la dictature présente dans les écoles de nos jours. Cette une vision inspirante, mais un peu utopique.
Le film fut tourné il y a 7 ans en noir et blanc pour lui donner un aspect intemporel. Wilder y a passé des centaines de jours en compagnie d’élèves et d’adultes, se concentrant sur Jiovanni, un jeune garçon turbulent, Lucy, une fillette rêveuse, et Alex, le directeur. Ayant filmé aussi les années suivantes, elle a tout de même restreint le documentaire à la première année d’ouverture de l’école, ce qui permet de voir plus précisément les enjeux rattachés à ce genre d’éducation.
Autant de liberté donnée à de si jeunes enfants ne peut que créer du chaos. C’est ce qui est majoritairement représenté pendant cette année à Teddy McArdle Free School, des cris, des rires, des pleurs, des objets tombés sont ce qu’on entend en bruit de fond. Robert Greene, le monteur du film, en répondant aux questions du public suite au visionnement, mentionne par contre que c’était le but recherché. L’année passée dans cette école libre ne se limite pas à un échec patent. Il y a eu plusieurs bons moments. Ce documentaire ne se veut pas une représentation de ce qu’est une école libre, mais plutôt ce qu’implique une institution de ce genre. Voulant principalement présenter les faiblesses que l’on peut rencontrer par l’inexpérience ou l’inconnu.
C’est en grande majorité l’inconnu de ce système qui fait peur, mais c’est aussi ce qui sert de moteur à cette technique. Les enfants sont portés à se découvrir d’une manière toute autre que ce à quoi nous sommes habitués. Leurs personnalités se forment d’une manière tout autre et c’est ce qui semble le plus inspirant. Cette citation présentée à la toute fin du documentaire le démontre magnifiquement, en expliquant à la fois le titre choisi :
« I might show them an elephant, if I had one handy, but I’d let them just walk up to the elephant not knowing anything more about it than the elephant knew about them. »
Si j’avais un éléphant à portée de main je leur montrerais, mais je les laisserais s’en approcher sans connaitre plus de lui que l’éléphant en connait d’eux (traduction libre).
J.D. Salinger, « Teddy »
Amanda Rose Wilder n’explique pas de long en large ce qu’est une école libre ou ce que sera le système d’éducation de demain. Elle démontre une situation d’échec, alors qu’à ce jour existe plus de 200 écoles de ce genre sur le globe. Quels éléments permettent de s’y tailler une place et d’y rester dans un monde si réticent à la différence? Wilder réussit tout de même à attirer l’attention sur une réalité méconnue et qui mérite d’être comprise : ce que certains appellent « les écoles de demain ».