La compagnie lyrique de création Chants Libres, sous la direction artistique de Pauline Vaillancourt, présente son quinzième opéra, Le rêve de Grégoire. La première mondiale de cet opéra de Pierre Michaud, compositeur et professeur adjoint à l’université de Montréal, a lieu ce jeudi 15 mai à 20h au Monument-National, pour trois soirs seulement.
La mise en scène a été confiée à René-Daniel Dubois à qui l’on doit Ne blâmez jamais les bédouins, Prix du Gouverneur général du Canada en 1984 et Being at home with Claude, adapté au cinéma en 1992 par Jean Beaudin. On se souviendra de Roy Dupuis incarnant Yves, jeune prostitué interrogé par un inspecteur de la police (Jacques Godin) à la suite du meurtre de son amant. La pièce sera d’ailleurs reprise par le TNM cet automne.
Le rêve de Grégoire est une fable. Une fable à propos de notre monde. Une fable enragée, peut-être bien désespérée. Mais certainement pas défaitiste. Une fable qui affirme : « Il y a en moi quelque chose que le pouvoir, l’autorité, aussi absurdes et déchaînés soient-ils, ne pourront jamais détruire. » (René Daniel Dubois)
Les personnages de ce récit onirique et insolite sont incarnés par les chanteurs François-Olivier Jean, (ténor, Grégoire), Marie-Annick Béliveau (mezzo-soprano, L’Autorité), Dion Mazerolle (baryton, La Folie), Andrzej Stec (ténor, Prométhée), Rebecca Woodmass (soprano colorature, Mathilde), Michiel Schrey (ténor, L’Ignorance) et Dorothéa Ventura (soprano, La Colère).
La musique quasi fellinienne est interprétée par trois ensembles montréalais réunis pour cet opéra : le Quatuor Bozzini, le quatuor de saxophones Quasar et l’ensemble à percussion Sixtrum, sous la direction de Walter Boudreau qui a été récemment nommé membre de l’Ordre du Canada pour son apport à la musique contemporaine en tant que compositeur, chef d’orchestre et promoteur de la création musicale.
« Rien n’est plus sot que de traiter avec sérieux des choses frivoles; mais rien n’est plus spirituel que de faire servir les frivolités à des choses sérieuses. » (La Folie, d’après une citation d’Érasme)
Le rêve de Grégoire débute avec une arrestation. Accusé d’un crime dont il ignore la nature, Grégoire sera exécuté le lendemain matin. Enfermé dans l’obscurité de sa cellule exiguë, il se met à rêver au trajet de sa vie. Dans ses plongées oniriques agitées, il croise tour à tour des personnages imaginaires, mythiques et réels. Grégoire sera le spectateur privilégié de l’envers du décor.
La Folie l’entraînera à l’école, sous l’emprise de L’Autorité. Se réveillant en sursaut à moult reprises, Grégoire fera la connaissance de Mathilde qui lui donnera le courage nécessaire pour affronter son destin. Il assistera à une séance parlementaire du monde des rêves, présidée par Prométhée, dans laquelle s’affronteront Les Dieux des marchés, le nouveau parti au pouvoir qui a mis 333 333 mots à l’index, et Les Dieux des livres poussiéreux, le parti d’opposition qui le supplieront de survivre à son exécution.
« Nous, bibittes, n’adopterons point la langue bureaucratique pour parler de notre art, pour justifier notre art. Notre langue demeurera couleur! » (Grégoire)
Fondé en 1990 par la soprano Pauline Vaillancourt, en association avec Joseph Saint-Gelais et Renald Tremblay, Chants Libres offre un répertoire opératique adapté aux couleurs de la modernité, explorant constamment de nouvelles techniques et approches de l’art vocal. Depuis sa fondation, la compagnie a fait de nombreuses commandes d’œuvres et Le rêve de Grégoire est le quinzième opéra créé par Chants Libres. La compagnie organise également des ateliers de formation pour chanteurs et a à son actif plusieurs CD, DVD et publications.
[Photographie : Chants libres.]