Pour faire ça simple, j’affirmerais laconiquement que la palette de Yan D Soloh utilise une facture expres-sionniste abstraite dans une mise en scène qui rappelle les Préraphaélites avec un léger péché surréalisant.
Voilà pour une descrip-tion de restauration rapide de l’œuvre de l’artiste. Toutefois l’œuvre de Yan D Soloh est tout sauf simple. Son œuvre nous englobe totalement et résonne comme une incantation cacophonique qui envoûte le regardeur telle une mante religieuse qui décapite son géniteur. Une fois qu’on a admiré une œuvre de Yan D Soloh on ne regarde plus l’art de la même manière, Yan D Soloh est un artiste unique, voire Olympien.
Alors que la plupart des artistes utilisent des procédés infographiques dans leur œuvre, Yan D Soloh tourne résolument le dos à cette mode, devenue désuète d’ail-leurs, pour se consacrer à l’essentiel de la peinture : l’harmonie entre le geste, la forme et la couleur.
L’imaginaire de Yan D Soloh est une organisation spatiale, « all over » les situations sont suggérées avec une palette riche en textures et couleurs, presque jusqu’à la saturation ; on se croirait quasiment devant un présentoir Baroque dans un tabernacle de Notre-Dame de la Guadalupe, au début l’époque coloniale. Malgré la richesse et l’épaisseur de la palette des couleurs, un caractère « votif » qui se dégage des ex-voto de l’artiste. Nous sommes en face d’une peinture charnière entre les différents courants expressionnistes qu’on a l’habitude de connaître, qu’ils soient abstraits, allemands ou français, désormais il faudra compter avec le yanisme de l’artiste Yan D Soloh.
Un autre détail absolu-ment unique de l’œuvre de Yan D Soloh, c’est son caractère hypocritement iconoclaste! L’artiste intègre dans ses œuvres de l’objet le plus important et le plus vénéré à notre époque, soit l’argent !
Non seulement le papier monnaie et désacralisé en devenant un simple élément dans un ensemble pictural mais il se réapproprie son rôle en utilisant les sèmes de la monnaie pour en truffer ses œuvres de messages médiumniques subliminaux ! Loin de moi intention de faire l’exégèse de son œuvre mais cette dimension sémantique amène une couleur extradiégétique qui, quoique extérieure à la narration de l’œuvre, parfume l’ensemble d’une odeur de scandale !
Avec Yan D Soloh, money talk !
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Petit lexique à l’usage des lecteurs d’Yvon Goulet.
Expressionnisme abstrait : L’Expressionnisme abstrait, également connu sous le nom d’ »école de New York », et plus communément (mais à tort) sous celui d’Action Painting (« Peinture gestuelle »), fut le premier mouvement authentique d’art abstrait né aux États-Unis et qui obtint une audience internationale. (Dictionnaire Larousse en ligne)
Préraphaélites : Le XIXe siècle anglais est dominé dans la peinture, par l’Académie Royale qui définit ce que doit être l’art et à quoi il doit ressembler. En 1848 un groupe de jeunes peintres remettent en question les principes enseignés et forment la Confrérie préraphaélite avec l’intention de revenir à une peinture plus proche de la nature, non formatée et en quête de perfection tant au niveau de la forme que de l’expression. (histoiredelart.net)
Surréalisme : Le surréalisme s’inspire des théories psychanalytiques de Freud. À travers une exploration de l’inconscient et l’interprétation des rêves, les surréalistes proposent des images de mondes poétiques empreintes d’une atmosphère énigmatique. (histoiredelart.net)
Baroque : Identité artistique d’une époque, le courant baroque réunit des styles différents, souvent propres aux artistes et à leur origine. La remise en question du langage maniériste trouve sa réponse à travers un message essentiellement religieux au sein de l’Europe catholique ou, au contraire, dans un style qui réussit à s’adapter à l’iconoclasme protestant. (histoiredelart.net)
Ex-voto : Un ex-voto est une offrande fait à un dieu en demande d’une grâce ou en remerciement d’une grâce obtenue. (Wikipédia)
Extradiégétique : Qui est extérieur à la narration. (Wiktionnaire)