J’ai rencontré Yan la première fois en 2005 alors qu’il exposait au Sky. Il venait de battre le record de vente de l’établissement. 27 toiles, si ma mémoire est bonne. Même s’il avait un air de venir de la planète Mars, il possédait ce petit quelque chose qui nous fait croire que nous avons affaire à un artiste qui ira loin.
Pour l’entrevue, il s’est présenté avec sa nouvelle agente, Caroline Viau. Celle-ci, même si elle n’est pas du milieu des arts, a quand même plusieurs atouts pour réussir. De l’expérience en relations publiques et en communications. Double médaillée de bronze en descente et en slalom géant aux Jeux paralympiques de 1992 en France, elle a sûrement la force de caractère pour réussir en tant qu’agente artistique.
«Caroline m’a donné du jus.», souligne Yan D. Soloh. Sa relation d’affaires avec des galeristes-encanteurs vient de se terminer en septembre dernier. «Voilà trois ans que je n’ai pas exposé en solo, malgré certaines promesses. Certains commencent à croire que je ne produis plus.» Il sentait l’urgence de se produire en public à nouveau et d’exposer ce qui lui reste de sa production des dernières années, la moitié des toiles étant entre les mains de ses anciens associés.
« J’étais sur le point de commettre un suicide artistique quand la lettre de Stéphane Cadorette a paru sur bazoom. » Selon Yan, cette lettre est une œuvre en soi. Il faut savoir lire entre les lignes et comprendre ce qu’elle dénonce.
« Je ne veux pas effrayer en disant comment ça se passe. J’en fais partie. Mais j’ai toujours la foi. En tant qu’artiste, on est fragile, précaire. Quand on contracte avec des hommes d’affaires, on doit comprendre que ce ne sont pas des mécènes ni des amis. C’est du business. Ça m’a pris des mois avant que ça me revienne en tête. Être entretenu en échange de ton art, ça a quelque chose de malsain. Il fallait donc que je me relève. »
« En tant qu’artiste, on est vite catalogué. On est jugé en groupe. Des barrières se créent. Rares sont les bons soldats qui vont oser émerger du groupe. Nombre d’entre eux préféreront se taire car ils ont un loyer à payer. Ils ont peur des représailles. »
« Quand une toile se vend 300 $ ou 800 $, les gens l’achète par passion. À 10 000 $, tu rentres dans une zone grise. C’est trop cher pour la classe moyenne, mais pas assez pour les investisseurs. »
Cette expérience dans le milieu de l’art-business, aujourd’hui Yan D. Soloh la trouve profitable. « Connaître la réalité du milieu, ça aide. »
Son exposition, il l’a voit maintenant plus comme une continuité, une nouvelle phase de sa carrière artistique. Mais il ne se sent plus capable d’embarquer dans le Star System.
Dans cette exposition, nous pourrons voir, entre autres, deux exemplaires de sa série Cimetière de l’amour. On y voit des couples, parfois plusieurs personnes, assis dans un divan. L’air branché, amis mais ce n’est pas le cas. À bien les observer, on se rend compte que c’est juste un paraître.
Cette exposition finalement est un cri. Je suis encore vivant. Comme artiste, comme créateur. Le premier pas d’une nouvelle étape dans sa carrière. Mais il préfère se taire pour l’instant sur ce qui s’en vient. Un One Shot Deal à ne pas manquer.
Jeudi le 5 décembre de 17 h à minuit.
Au Studio Backstage
1661, rue Sainte-Catherine Est
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[Photo : Albator – superheroes & propaganda - Huile - 16 po X 12 po – 2010 - Lettre de suicide artistique de CadO – Article sur Yan par Yvon Goulet – Pour contacter Caroline Viau.]