Enquête sur les arts visuels (3)

Comment l’artiste voit-il la galerie ?

Dans un monde en pleine transformation, les galeries d’art ont aujourd’hui le devoir de reconsidérer leur rôle. Beaucoup de petites galeries doivent fermer leurs portes, comme Zéphyr, lieu d’art qui a fermé ses portes dernièrement  [voir notre entrevue avec Daniel Roberge]. Les grandes aussi subissent ces changements, comme la galerie Mensi Rioux (MX) de Montréal, qui a été mise en vente par ses propriétaires dernièrement. Les répondants de notre sondage nous ont glissé quelques mots sur la perception qu’ils ont des galeries.

Beaucoup de galeries n’arrivent plus à survivre. Les gens ont moins d’argent à dépenser et les touristes (comme les Américains qui sont des grands consommateurs d’art original) dépensent moins. Je ne suis plus en galerie, ma galerie a fermé ses portes il y a un an, j’étais dans deux galeries qui ont fermé leurs portes ; beaucoup ont fermé leurs portes et celles qui survivent demandent des pourcentages de plus en plus élevés.

Certains artistes sont méfiants : « Je pense que les galeries ne sont que des magasins de décoration. » Un artiste habitué des galeries se sent un peu floué : « Les contrats restent flous. Et j’entends souvent qu’ils ne peuvent pas faire autant de publicité qu’il y a deux ou trois ans, parce que les fonds manquent, avec les frais de vernissage et le loyer. Mais nous artistes, donnons la même chose qu’il y a quelques années : notre production, l’exclusivité, le même effort en dépenses et en temps. »

D’autres artistes pensent qu’il y a trop de galeries : « Il y a beaucoup de galeries. Il faudrait qu’elles se définissent un peu plus selon moi. »

Un répondant nous a dit : « Je ne suis pas en galerie par choix. » Certains autres pensent que les galeries sont désuètes : « Les galeries sont des outils obsolètes pour se faire connaître. »

D’autres ne s’y reconnaissent pas ou souhaitent que les galeries changent un peu leur mentalité : « Le temps où le simple fait d’être en galerie suffisait est révolu. Il faut trouver des lieux différents et surtout des manières différentes de faire la promotion de son travail. »

En effet, à l’ère de l’informatique, beaucoup d’artistes se servent du web comme outil de promotion et de vente au local et à l’international [voir notre article : L’autoroute web] : « Je pense que plus que jamais, si on veut gagner sa vie comme artiste, on doit cesser de compter sur les autres (galeries, agents…) et mettre l’emphase sur soi. »

Il y a cependant des artistes qui souhaitent entrer en galerie : « J’envisage d’approcher une galerie sous peu », nous confie une répondante. ■

[Photo : Œuvre de © Chrystoff Crowley.]

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